Episode 1 - Revenir vers la photographie
Je commence comme assistant photographe en 1967.
Je goûte à la photographie en croquant dans un fruit délicieux fait de luxe et de jolies filles, ce sont les années "Blow Up", Antonioni décrit très bien ces ambiances un peu
folles sur fond enfumé de musique indienne, de Royce Rolls et de vêtements signés Jean Bouquin.
Appelé sous mon drapeau en mars 1969, je vais déambuler dans mes vingt ans en terre kaki Montluçonnaise et je me trouve proclamé responsable photographique du CISM N°1, qui transforme tous les trois mois trois mille civils appeurés en bidasses ne jurant plus que par l'ivrognerie et la quille bordel.
Après dix-huit mois de repos forcé, la vie civile m'accueille à nouveau en son sein, j'ai beaucoup de mal à retrouver le chemin de l'assistanat photographique et ma belle errance dans l'univers de l'image va commencer.
Je goûte d'abord à la faim, c'est comme cela que l'on se place sur le chemin de la réussite...je deviens illustrateur, c'est le titre que je me donne et je m'entretiens en alignant des caractères, je ne déposerai les encres et pinceaux que quelques mois après m'apercevant qu'il me manque l'essentiel : savoir dessiner.
Qu'importe, il est vrai que pendant ces années fantasques, on pouvait changer de voie comme de chemise et à cette époque, j'en avais très peu.
Après moult pérégrinations, c'est l'industrie du disque qui me donnera une belle première chance.
Elle se fera grâce à une rencontre avec Jean, un homme qui me fait confiance et qui aime bâtir, ensemble et avec un autre Jean de passage, nous mettons en place CREAC, ce qui devient le premier studio de création en France à s'intéresser de très près à ces galettes de vyniles qui faisaient la fortune de certains.
D'artiste en artiste, notre notoriété augmente, nous passons d'un premier studio rue de la Tombe Issoire, à un second dans un Paris qui se démolit pour finir dans un superbe appartement du 17 ème arrondissement.
Les Mike Brant, Claude François, Francis Lai, Michel Fugain, Dalida et bien d'autres se bousculent dans nos murs, nous sommes heureux, je vis sur un nuage en plein ciel bleu, mais je me lasse un peu et celui-ci vire au noir, les discussions se font vives, le succès de notre société nous fait oublier notre belle aventure...je n'achète pas de parapluie pour contrer le dernier orage qui arrive à grands pas.
Séparation et divorce, nous sommes en 1981 et je "travaillotte" par ci, par là et à nouveau la chance Show Biz me sourit avec Simon, un autre monde...
Je lui dois de belles créations, de belles rencontres, de beaux espoirs...et un jour sans crier gare, il disparaîtra tragiquement.
Ma réalisation la plus marquante sera cet album pour Salvador Dali, je me souviens encore de cette entrevue avec le maître qui devait donner son accord, cela se passera à l'Hôtel Meurice, célèbre palace de la rue de Rivoli.
Ensuite, il y eût encore des aventures pour venir enfin m'installer sur la Côte d'Azur où je vis et travaille depuis 1984.
La photographie frappera à ma porte en 1997, je recommencerai à regarder la vie dans un viseur avec les sports mécaniques et la Formule 1, c'était les années rouges, celles de Michael Schumacher : Schumi, le pilote aux sept titres mondiaux...
La formule 1, ce sera le pied à l'étrier...je vais très vite revenir vers le spectacle avec la danse, l'opéra, le cirque et la musique...
Une première photographie qui m'ouvrira la porte des scènes de France et d'ailleurs, d'ailleurs !
Et une première exposition qui en appelera d'autres...terminons pour aujourd'hui en attendant l'Episode 2.
A bientôt !
